La fête de Noël a-t-elle une dimension… spirituelle… ? 

10 décembre 2018 Non

 » Nous sommes maintenant enfants de Dieu « , (1 Jean 3 v. 2)

Noël est là. Quel bonheur de pouvoir enfin, se poser… Se poser pour un moment de  » spiritualité « .
Un récent sondage d’opinion (institut CSA) ne dit-il pas que 90% des Français jugent que  » Noël est devenu une fête trop commerciale « , une opinion qui traverse de façon presque égale la population française, sans distinction de sexe, d’âge ou de catégorie socioprofessionnelle. 63% estiment  » qu’il faudrait revenir à plus de spiritualité  » dans la célébration de Noël. 18% des sondés disent qu’ils iront à la messe de Noël … Je ne suis pas allé à la messe de minuit, mais en allant me retremper dans l’une de mes anciennes paroisses (et cela m’a fait beaucoup de bien,) j’ai pu constater que les fidèles sont nombreux !

Posons-nous donc pour un moment de spiritualité !
De spiritualité, oui, parce que l’on laisse, plus que d’habitude, la place à l’esprit :
D’une part, au niveau de notre réflexion personnelle, nos pensées surgissent de façon plus impérative que d’ordinaire – pour preuve, et par exemple, ces appels téléphoniques de dernière minute que nous cherchons à donner en catastrophe, parce qu’il nous faut absolument faire un petit signe à des gens que nous aimons.
D’autre part, avec les nombreux fidèles de toutes les églises du monde, nous avons conscience d’être réunis sous le  » regard de Dieu « . En effet, ce moment est d’ordre spirituel, parce que nous laissons, plus que d’ordinaire, la place à Dieu.
Dieu est, certes, devant nous, hors de nous. Mais Dieu est aussi, comme j’aime le dire, en nous. Il est celui qui nous fait être. Il est ce Dieu qui nous porte et nous aide à faire face à toutes les contrariétés, jusqu’aux souffrances morales ou physiques.
Voilà le Dieu que nous confessons.

 

Noël, un moment où nous en appelons à ce Dieu.

Peut-être lui disons-nous simplement : Prends-nous tels que nous sommes, si peu préparés, si bousculés, tourmentés,… Peut-être sommes-nous disposés à nous livrer à lui, corps et âme, et lui dire par nos paroles, ou simplement par notre attitude : fais de nous ce que tu entends faire de nous : « Ich steh an deiner Krippe hier,… « ,  » Devant ta crèche tu me vois  » (Cantique du recueil  » Arc-en-ciel « , n° 370).

Si les contemporains ne cherchent peut-être plus auprès de ce « bureau patenté de sens  » (Théo Trautmann), qu’est l’Eglise, la vérité de leur existence, ils le cherchent néanmoins auprès de Dieu.

Noël avait remplacé les fêtes, dites païennes, de la lumière – la lumière qui avait baissé et que l’on appelait à revenir, puissance bienfaisante et génératrice de vie.
Aujourd’hui, Noël est devenu une nouvelle fête qui, il faut bien en convenir, n’a plus rien à voir avec la naissance de Jésus, même si l’on continue d’amuser la galerie avec le  » petit papa Noël, quand tu descendras du ciel « .
POUR NOUS, ici réunis fidèlement pour fêter la naissance de Jésus, ce Jésus est avant tout l’homme de Nazareth. En fêtant Noël, nous fêtons certes, un petit enfant. Mais c’est parce que l’homme Jésus de Nazareth a touché nos cœurs.

Je rends hommage au protestantisme de m’avoir permis ce contact avec l’homme de Nazareth, un contact sans détour, laissant la possibilité de continuer à chercher la vérité – ce protestantisme qui n’a pas plaqué une vérité toute faite sur la personne de Jésus , une vérité dogmatique, figée, fermée.
J’aime ce protestantisme qui fait appel à la fois à la seule sensibilité de l’être humain et à son intelligence.
Je regrette que ce protestantisme perde de sa substance lorsqu’il se confine en dans des procédures et des réglementations qui sont parfois de type crypto disciplinaires jusque dans les paroisses, procédures qui ne font que masquer le manque d’articulation de l’église avec la réalité du monde et évitent de se poser les vraies questions qui font avancer l’église, l’humanité, ou simplement une paroisse.

 

Noël, un moment où Dieu en appelle à nous.

Lorsque donc, nous fêtons Noël, nous témoignons, d’abord, de cet homme : Il nous a reliés à Dieu ! Il faut aujourd’hui un certain courage pour se mettre en route pour aller fêter noël à l’église surtout le matin du 25 ! Mais, disons-le sans ambages, que c’est par le biais de l’homme Jésus (et, certes, tant d’autres  » témoins « ), que nous avons accès à Dieu. Si nos cantiques présentent souvent plus ou moins triomphalement Jésus comme le messie-roi, cette relation à Dieu tient son authenticité du fait qu’elle est une relation de VIE. En chantant le cantique  » devant ta crèche… « /  » O Jesulein, mein Leben  » nous confessons que nous percevons dans l’image du petit enfant la pulsion vitale de Dieu !

Notre vie donc, si elle ne se transforme pas de fond en comble, ou encore, si elle n’en devient pas plus facile à vivre, prend cependant une autre dimension : Nous la comprenons à l’image de la relation de vie entre le père (ou la mère) et l’enfant : Le texte de la 1ère épître de Jean exprime que nous sommes enfants de Dieu. Nous sommes donc tout à fait autre chose que des esclaves. Nous ne sommes pas une possession, mais c’est l’  » être « , à l’image de l’être de Dieu, qui nous confère notre identité et définit notre substance.

 » Enfant  » de Dieu, en serons-nous plus  » sages  » pour autant ? Nous savons combien l’enfance connaît d’étapes de développement, de crises, de révoltes – au demeurant nécessaires pour qu’un jour l’enfant puisse marcher en adulte.
Adulte, fort heureusement, l’enfant n’est pas mort en nous. Car l’image de l’enfant exprime bien aussi la relation de confiance du croyant à Dieu. Cette confiance qui, avec l’intelligence que Dieu nous a donnée, nous permet de vivre, de construire, le devenir du monde.

Oui, que la chaleur de la relation parents – enfants puisse réchauffer nos cœurs, nous permettre de vivre aussi Noël comme un instant de bonheur.
Et nous permettre de repartir dans la vie avec la conviction que nous ne marcherons pas seuls sur la route, où désormais, nous sommes ses témoins, et que… nous y avons tant à faire ! Nous, les témoins de Noël, de Dieu, de l’homme Jésus et, certes aussi, de la reine Marie!

 

Ernest Winstein
(D’après une prédication prononcée le 25 décembre 2005 à Saint-Guillaume, Strasbourg).