Rétrospective

1 juillet 2019 Non

En 2019-2020, le thème le thème général du programme de rencontres « Ressourcement et réflexion », proposait un programme autour de thèmes actuels, enrichis des travaux de réflexion précieux pour toute réflexion au sujet du bien-fondé de la religion chrétienne et de sa place dans le monde d’aujourd’hui.

Si le principe luthérien de fonder la foi et l’Eglise sur la seule « Ecriture sainte » est aujourd’hui à relativiser, la réflexion sur le sens de l’existence et donc sur l’idée de Dieu et de la place de l’humain dans le monde garde toute son actualité. Nous rappelons que cette réflexion est tributaire du contexte historique et culturel propre à l’émergence de toute pensée. Toute étude sérieuse des textes anciens dits fondateurs doit en tenir compte. A partir de là, la réflexion doit s’engager sur les principes éthiques en vertu desquels nous voulons voir s’élaborer la politique d’une survie de l’humanité et, donc, la manière d’organiser l’économie en empêchant le seul souci de la richesse de mener le devenir du monde. E. W.

Le « Café théologique » du 10 octobre 2019 portait sur  « Peuples et nations » N’y a-t-il pas confusion, aujourd’hui, de ces termes, ou négation de l’un par l’autre? Ernest Winstein, président de l’UPL, a introduit au discours de Renan  Qu’est-ce qu’une nation?

Le 19 novembre, Frédéric Ruscher, agrégé de philosophie, présentait le philosophe Michel Henry autour de la question « Qu’est-ce que la religion chrétienne? »

Pour Michel Henry, avant les mots, les idées et les théories, il y a ce que l’homme vivant sent. C’est par là que sa philosophie dépasse la phénoménologie de Husserl qu’elle prolonge, et qu’elle s’oppose aux philosophies qui en sont issues (Heidegger, Sartre). Dès sa première grande œuvre (L’Essence de la manifestation), par ses conclusions Michel Henry rencontre la pensée de Maître Eckhart, et plus largement la question de l’essence de la religion. Sa conviction que la réalité ultime est la vie le conduira à une étude fondamentale sur Marx, mais aussi sur la psychanalyse et l’art (Kandinsky) ; dans ses dernières œuvres il développe sa philosophie du christianisme, fondée sur sa phénoménologie radicale et centrée sur les paroles de l’Evangile de Jean : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». F.R.

Le 9 janvier 2020 « Les principes éthiques d’une écologie politique » ont permis un riche débat s’appuyant sur les interventions de Ernest Winstein et Etienne Troestler, directeur du FEC (Quelles racines chrétiennes?), Alain Jund, adjoint au Maire de Strasbourg (Quelle vision du monde et de l’humain pour l’écologie d’aujourd’hui?) e

Le 12 mars, Jean-Paul Sorg, philosophe, membre de l’UPL, traducteur d’Albert Schweitzer, proposait une réflexion sur « Libre pensée et piété » autour de la publication « Il ne suffit pas de croire», (trois conférences de Schweitzer prononcées en 1903 et 1906, et une présentation, en 1926, de sa théologie par lui-même).

Pour raison de pandémie, la conférence de Régine Lehner, pasteur, a dû être annulée et se trouve reportée à une date qui sera communiquée, dès que les conditions sanitaires permettront de reprendre les activités. Beatus Rhenanus, est un contemporain des réformateurs (e.a. Luther, Bucer, Musculus) et d’Erasme.

En 2018-2019 le programme invitait à…. réfléchir!

La reconnaissance des Droits de l’Homme par la Révolution française a ouvert au citoyen des chemins de liberté dont il ne disposait pas jusque là. Une avancée révolutionnaire en faveur de la liberté individuelle! Mais, premier problème sur lequel bute cette « déclaration » : les mêmes droits ne sont pas alors consentis à la citoyenne (cf. le combat d’Olympe de Gouges, e.a.). Deux siècles plus tard, la libre parole de la femme ressemble encore à un combat.

Reconnaître des droits à l’individu consistait à lui donner un statut, dont seul le « groupe » était détenteur jusque-là : clan, famille, église, royaume. Cependant, deuxième problème, la liberté de l’individu ne suffit pas pour construire la vie en commun. Il faut un consensus au niveau du/des groupes auxquels l’on appartient. Il n’y a donc pas de chemin de liberté en soi. La liberté de disposer de nos choix conduit à des engagements pour des causes dont les résultats sont variés, multiples, parfois contraires. Il y a donc lieu de parler DES chemins de liberté et, lorsqu’il s’agit du devenir de notre humanité, de la nécessité du dialogue, du débat, de la synthèse. Ce dialogue est parfois peu confortable, mais l’avenir de l’humanité en dépend.

En matière de religion, la réflexion confronte le dogme au vécu d’aujourd’hui (Cf. thèse , antithèse, synthèse). Le dogme fait parti de la tradition, de ce que nous recevons du passé. Il soutient certes, la cohésion d’un groupe, d’une église, mais la prive aussi de dynamisme, de mouvement. (Ce que les mouvements fondamentalistes compensent par du sentimental ou du rythme). S’il est essentiellement un enseignement. Il est l’expression d’une époque, voire d’un milieu culturel, et n’est pas immuable. (Cf. Le questionnement Werner Zager au sujet de l’actualité de Rudolf Bultmann). Nous ne savons que trop bien que le dogme érigé en absolu devient un instrument de pouvoir. En matière d’économie, la réflexion confronte les échanges aux principes moraux que nous affichons (cf. Les droits de l’homme et la vente d’armes, café théologique introduit par Etienne Troestler). et rappelle que nous partageons la destinée du monde.

En matière de politique, la réflexion rappelle la nécessaire autonomie (liberté!) du politique par rapport aux lobbys économiques et culturels. (Cf. La construction européenne : quels principes?)

La réflexion peut déranger. Elle ne renverse pas ce qui a été. Elle respecte les racines et évalue à la fois ce qui fait vivre et ce qui nous emprisonne. Mais elle n’est pas une maladie, un virus qui cannibaliserait la stabilité ou le conformisme qui rassurent. Elle est une chance pour plus de lumière dans la vie. E.W.

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