Protestants face à l’encyclique « Dilexis nos »: des impulsions éthiques plutôt qu’une dévotion
A propos de la 4e encyclique du Pape François, Dilexit nos, publiée le 24 octobre 2024
Nous partageons avec le Pape François la recherche d’une « véritable spiritualité », celle dont se réclamait Benoît XVI dans une lettre pour le 50e anniversaire d’Haurietis acquas, et nous réjouissons de son insistance sur la miséricorde – dont le monde a besoin, pensons-nous pour soigner ses blessures que l’humanité a infligées – et s’est infligé. Mais pourquoi spiritualiser le mythe du Sacré Coeur et demander la « dévotion » des fidèles à un symbole fondé par une apparition de « la première manifestation du Sacré-Cœur de Jésus en 1673 » (Voir l’article sur le siteVatican News, « Dilexis nos », (https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2024-10/dilexit-nos-4e-encyclique-francois-publication-24-octobre.html)
Note : L’article cité précise : « Benoît XVI, dans une lettre pour le 50e anniversaire d’Haurietis acquas, soulignait que «Ce mystère de l’amour de Dieu pour nous n’est pas seulement le contenu du culte et de la dévotion au Cœur de Jésus: il est aussi le contenu de toute véritable spiritualité et dévotion chrétienne. Il est donc important de souligner que le fondement de cette dévotion est aussi ancien que le christianisme lui-même».
Coeur de Jésus offert?
Méditer sur le coeur de Jésus que celui-ci aurait offert aux adeptes du message d’une possible amélioration du statut des Juifs soumis au pouvoir des Romains du 1er siècle, ne nous parait pas être une exigence issue des « écrits », car l’on ne pourrait s’appuyer que sur la mention de l’hypothétique parole de Jésus lors de la cène « faites ceci en mémoire de moi ». A la limite de ce que les textes peuvent laisser supposer, cette formule exprimerait l’acceptation, par Jésus, d’être « livré » plutôt que de laisser advenir une répression violente des adeptes du messie Jésus (les « disciples »).
Une impulsion éthique
Nous trouvons dans la manifestation, au sein du judaïsme, du mouvement messianique initié par Jésus une invitation à voir en face la situation sociale de son époque et une impulsion adressée aux témoins qui la vivent, et d’y agir – ce qui suppose un choix éthique, une manière, pour un chrétien, de vivre sa foi.
Sans pour autant passer par l’adoration du « cœur du Christ », nous partagerons la conviction qu’un tel engagement dans le monde est nécessaire et implique des risques (« se salit les mains »). Oui, on dira que le propre de la miséricorde est de se salir « les mains, de « toucher », de vouloir « s’impliquer avec l’autre… s’engage avec une personne, avec sa blessure».
Ernest Winstein Président de l’Union Protestante Libérale – Strasbourg.